Certains soirs sont étranges...
Vous vous sentez bien... Vous savez, ces soirées qui sont calmes, sereines.... Où tout semble apaisé... La neige semblant étouffer chaque bruit... Vous souriez en regardant cette envolée froide et blanche qui semble n'en plus finir... Votre seul souci, ce soir, étant de savoir si vous allez utiliser votre gel douche à la vanille ou celui à l'aloé Vera... Et puis, en prenant votre livre du moment, vous vous installez sur le canapé et vous vous promenez sur les différentes chaînes... Puis vous vous arrêtez sur ce film que vous avez vu voilà deux ans... "les P'tits mouchoirs"...
Alors, évidemment, sous le charme de Gilles Lelouche et de Benoît Magimel, vous souriez à ces histoires, réglements de compte... en essayant d'avancer dans votre livre... Et puis....
Vous vous effondrez en larmes...
Parce que la scène du corbillard est insoutenable... Ils ne disent rien... Mais tout est dit...
Et vous, vous sanglotez... Comme une conne...
Parce que même si vous y pensez chaque jour, si vous avez levé depuis longtemps ce voile de silence, si vous en parlez souvent, si désormais vous riez en vous rappelant les conneries que vous pouviez dire ensemble, ou elle toute seule, là, dans votre canapé, en regardant cette scène, vous vous rendez compte qu'elle vous manque toujours autant...
Et que là, ce soir, vous aimeriez bien vous blottir dans ses bras si chaleureux, la regarder, l'écouter et lui parler...
Et vous vous dites que vous avez l'air d'une belle idiote, là, votre p'tit mouchoir trempé, à regarder le générique...
Et en soupirant, vous vous asseyez devant votre écran, vous prenez une belle inspiration et vous couchez ces quelques mots avant de plonger sous votre couette...
Isa était quelqu'un qui était pleine de vie, positive, avenante, bonne vivante...
Je sais que je me ferai secouer les puces si elle était à côté de moi...
Je sais qu'elle éclaterait de son rire magnifique en me disant que je ne suis pas conne...
Je sais qu'elle me sourirait en me rappelant de croquer la vie à pleine dents...
Je sais qu'elle me dirait de prendre RV chez le coiffeur car là, cela devient urgent...
Et même si quelques petites larmes dévalent encore mes joues, je souris...
Comme elle le souhaiterait.
Vraiment et simplement.
Je vais jeter mon p'tit mouchoir déchiqueté, maintenant...
Ha oui, j'ai failli oublier... Merci de m'avoir écoutée... Et merci d'être encore là, après toutes ces années...
Je vous embrasse